Lundi 20 mars, 18h, la place de la République a été le théâtre d’une répression d’envergure. "Théâtre", au sens propre comme au sens figuré : vous avez ici un dispositif scénique orchestré par la préfecture de Lille comme prolongement d’une répression attendue et voulue par l’exécutif. Que dire d’autre qu’un théâtre ? Un vaste espace carré, le public martyr en son centre, les acteurs qui entrent et sortent de la scène. Pendant près de trois heures, la foule était comme une balle de ping-pong entre les cordons de flics. Lesquels ont pu jouer à loisir leur partition punitive.
Le 28 février dernier, 180 cheminotEs se sont rassembléEs devant le siège SNCF Nord au milieu des grands buildings d’Euralille. Sur leurs chasubles rouges on pouvait lire : LILLE, LENS, LOMME, SOMAIN, DUNKERQUE, mais aussi MARSEILLE. Leurs revendications ? Les mêmes que depuis des années (1) ! Iels continuent de dénoncer la privatisation de la SNCF et de sa branche Fret (2), encore accentuée par la loi de 2020 portée par la Ministre du transport de l’époque, une certaine Elizabeth Borne (oui, encore elle !). Certain.es des personnes mobilisées ce jour-là, ont pris la parole pour expliquer les conséquences désastreuses de cette politique libérale.
Dès le début, la mobilisation a été massive. Pour la seule ville de Lille, les commentaires des manifestant.es les plus âgé.es étaient sans appel : avec plus de 30 000 personnes dans les rues le 19 janvier 2023 (1), iels ne se souvenaient pas ou plus d’une telle affluence en manif un jour de grève. D’autant que dans de nombreuses villes (Calais, Saint-Omer, Beauvais, Maubeuge, Boulogne, Valenciennes…), des cortèges rassemblant plusieurs milliers de personnes avaient pris la rue pour protester le même jour. Pourtant, au milieu de la foule qui répondait à l’appel et malgré la joie de se retrouver, on avait le sentiment d’une forme d’hébétude, un manque de souffle et d’humeur. Comme si tout le monde attendait le printemps et ses inévitables giboulées.
Annoncé dès septembre 2022 par la mairie de Lille, les quartiers de Vauban-Esquermes et Wazemmes deviennent totalement payants en 2023. Cette décision provoque une levée de bouclier de la part d’unions de commerces locaux, notamment parce qu’il n’y a pas d’abonnement pour les commerçants et leurs employés, qui doivent alors payer plein pot. Mais quelques jours avant le lancement du parking payant, des horodateurs de Wazemmes, Moulins et Vauban ont été repeints.
Le campus de Lille 3 regroupe les filières littéraires et sciences humaines et certain.es de ces étudiant.es se sont mobilisé.es en parallèle du mouvement contre la réforme des retraites. Pendant deux semaines, un bâtiment du campus de l’Université Pont de Bois appelé le « Théâtre des Passerelles » est occupé jour et nuit par des étudiant.es. On vous raconte ici comment on en est arrivé là.